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Au jour le jour
31 mai 2013

30/05/2013

    Le mariage n'est pas un contrat. Le mariage est un sacrement. Il est un serment (sacramentum) par lequel se constitue entre deux êtres un lien, une alliance, de l'ordre du sacré (sacrum). Se marier, s'engager, prêter serment, ce n'est ni constater ni proclamer un sentiment, ou un projet de vie commune, c'est sacraliser ce sentiment, sacraliser ce projet. Et cela n'a pas besoin d'un Dieu qui sanctionne, même si ce Dieu est bien commode, pour dire que ce qui est créé par le serment dépasse en un sens ceux qui le formulent. Comment l'homme peut-il jurer, comment peut-il promettre, comment peut-il créer ce qu'ensuite il ne pourra défaire ? Et c'est pourtant ainsi. On sait bien que les religions aimeraient qu'on leur accorde l'exclusivité du sacré. Elles y arrivent presque, ce qui paralyse toutes les discussions. On comprend aussi qu'on propose aux homosexuels un contrat contenant les mêmes avantages que ceux que garantit le mariage civil. C'est les ramener au jeu des désirs, des libertés et des volontés, à quoi on voudrait, pourquoi pas, ramener leur orientation sexuelle elle-même. On comprend ainsi que des croyants, qui devraient s'en moquer, refusent qu'on accorde aux homosexuels le mariage civil : c'est que le mariage civil est encore serment, et qu'ainsi il pose le sacré, même en dehors de toute référence à une religion déterminée. Il serait plus cohérent de réclamer alors l'abolition pure et simple du mariage civil, et d'exiger qu'on réserve le nom de mariage au mariage religieux. Mais l'Eglise n'a plus de divisions. Il ne reste à ceux-là que l'aigreur et le rêve du pilori. On aimerait croire que ces luttes sont d'une autre époque. Mais regardez bien : les enfants ont bon dos. En s'opposant au mariage des homosexuels, on entend leur refuser la dimension du sacré. Qui ne voit que c'est de la pleine humanité, de ce jeu d'ombres entre nature, désirs, volonté et spiritualité qu'il s'agit de les exclure ? Et il est vrai que le danger n'est pas l'inceste ou la zoophilie : le danger est que, si tout cela est pensé comme naturel, il faudra bien les bénir, puisque c'est en Dieu que tout cela prend sens et clarté. J'attends avec impatience le mariage de Bertrand Delanoë en la cathédrale Notre-Dame de Paris.

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